Tour Jean Nouvel

La tour Nouvel du Havre refait surface grâce au Grand Paris



La ville du Havre va relancer son projet de tour de 120 mètres conçu par les Ateliers Jean Nouvel pour abriter un centre d'interprétation consacré à la mer. Un choix motivé par celui du président de la République de faire du Havre le port de Paris.
Ce projet qui avait suscité de vives critiques a été suspendu en 2007 à la suite d'une dérive des coûts prévisionnels passés de 40 millions à près de 100 millions d'euros. "Le projet est aujourd'hui toujours audacieux mais il est aussi de plus en plus réaliste avec le choix du président de la République de faire du Havre le port de Paris", a affirmé Antoine Rufenacht (UMP) au cours d'une conférence de presse.

En 2010, la ville qui reste discrète sur le coût de l'investissement estimé aujourd'hui doit choisir un scénographe et en 2011 doit lancer la procédure pour désigner l'entreprise chargée de construire et d'entretenir cette tour, dans le cadre d'un Partenariat public privé (PPP). Le chantier pourrait commencer en 2013 pour une ouverture au public en 2015.
Dans le projet imaginé par les Ateliers Jean Nouvel, cette tour métallique comprend à son sommet deux plates-formes permettant d'observer le travail sur le port. L'édifice dont la fréquentation est estimée à 300.000 visiteurs l'an doit abriter un centre d'interprétation consacré à la mer, aux activités portuaires et aux échanges maritimes.

L'« Odyssey » de la tour

Les coûts et les contenus du centre de la mer et du développement durable se précisent. Pour autant, la polémique persiste.



«A l'arrivée, la facture du grand stade sera beaucoup plus importante que celle d'Odyssey 21 avec 80 millions d'euros pour le stade, 70 pour les aménagements autour, pour trente utilisations à l'année. Avec Odyssey 21, nous serons à moins de 100 millions d'euros pour, facilement, 300 000 visiteurs par an. »
Ne lui parlez ni du coût ni des délais de réalisation. Edouard Philippe, en charge du dossier, en reste convaincu : le centre de la mer et du développement durable sera un site unique. « Je me fiche de savoir s'il ouvrira début ou fin 2015 ; ce qui m'importe, c'est d'offrir aux Havrais un lieu culturel exceptionnel. La qualité du centre compte autant que les collections qu'il abritera… »
Odyssey serait donc, à terme, le monument emblématique de la ville. « La Grande bibliothèque de Rufenacht », analyse le Vert Pierre Dieulafait. « Je peux comprendre le besoin d'inventaire de M. Rufenacht », explique le député communiste Daniel Paul, continuant de regretter « l'entêtement municipal. Heureusement que les premières propositions financières pour la réalisation étaient beaucoup trop chères, sinon la Ville aurait signé. Engageant les Havrais bien au-delà de la seule construction », insiste Pierre Dieulafait.
Alors où en est-on réellement et qu'a-t-on déjà investi ? « Lorsque le projet est passé de 50 à 100 millions d'euros, nous avons abandonné l'idée d'une délégation de service public au profit d'un montage, dans lequel nous achetons la muséographie et la scénographie, nous choisissons l'exploitant et ensuite le constructeur », rappelle Edouard Philippe. Le muséographe, chargé de dire ce que présentera le centre, « a rendu un projet consacré à la mer, aux océans, à l'histoire du port et aux échanges maritimes et portuaires… Nous sommes sur le point de choisir le scénographe, chargé de définir la meilleure façon de montrer ce que proposera le centre. La commission d'appel d'offres s'est réunie ; la décision est imminente. Après, nous choisirons l'exploitant. » On sera alors à la fin 2010, début 2011. « Viendra ensuite, courant 2011, le choix du constructeur. Cela ne peut pas se faire avant car seul l'exploitant peut dire si le projet du constructeur est conforme à ses idées. »

Des dépenses conformes aux autres dossiers
Une fois l'entreprise désignée, à la mi 2012, un contrat de partenariat sera signé avec la Ville, correspondant à la mise à disposition et à l'entretien du bâtiment. Et, en 2013, le démarrage des travaux. Une procédure lente, reconnaît Edouard Philippe, « imposée par la nécessité de passer les contrats les uns après les autres, car tout est imbriqué… Avant la tour en métal, c'est la tour en papier ».
Et peu importe la polémique quant aux sommes. « Aujourd'hui, nous avons engagé 1,5 million d'euros, soit 1,5 % du contrat. Un engagement de dépenses conforme aux autres dossiers menés par laville ou la Codah… », poursuit Edouard Philippe.
« 1, 8 million d'euros, taxes comprises, si l'on reprend la note de synthèse du maire », précise l'opposition, auxquels il faut ajouter 300 000 euros votés lors du dernier conseil pour la société chargée de conduire les études préalables au lancement du PPP (partenariat public privé). Soit un peu plus de 2 millions d'euros au total. « Au premier coup de pioche, ajoute encore Edouard Philippe, on aura engagé 2, voire 3 % de la somme globale. »