Le Tramway

En attendant le tramway

Dans trois ans et demi, les Havrais verront leur vie bousculée par l'arrivée du tramway, promet la municipalité, qui a présenté les travaux d'embellissement à venir.
Le tramway, c'est pour l'automne 2012. A l'occasion d'une réunion publique la semaine dernière, les Havrais ont découvert les aménagements liés au tramway. Face au succès, Antoine Rufenacht, reconverti en placeur, se félicite de la présence de centaines de personnes dans les salons de l'hôtel de ville.

« Il faut s'attendre à dix-huit mois de travaux difficiles dans le centre-ville, notamment boulevard de Strasbourg et cours de la République, prévient le maire. En ville haute, les travaux de voirie et l'aménagement de ces espaces urbains ont déjà été réalisés. » « Notre objectif est de faire en sorte que le centre-ville soit mieux desservi qu'il ne l'est actuellement. » « Vous voulez éliminer un maximum de voitures du centre », s'inquiète une habitante. « Nous mettons en place un dispositif pour les personnes qui n'ont pas la nécessité à entrer en centre-ville de passer en périphérie », répond Gilles Pierre, directeur général adjoint des services de la Ville.
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Les grandes manœuvres

La Communauté de l'agglomération signe sa première acquisition immobilière en vue des travaux. Elle lance aussi un concours pour choisir les vingt premières rames.
Un peu plus de 194 000 euros. En y ajoutant les frais pris en charge par la collectivité, le montant atteint 215 000 euros. C'est parti ! La Communauté de l'agglomération havraise (Codah), qui se réunit ce soir en séance publique, engage ses premiers achats pour laisser place nette au tramway. Il sillonnera la ville à la fin 2012. Une première acquisition, rue de la Cité-Havraise, au pied du futur tunnel (590 mètres de longueur) qui sera creusé à l'est de Jenner, est validée ce soir par les élus.

Dix millions d'euros pour les acquisitions

D'autres achats seront nécessaires pour faire passer le tramway. Au total, soixante-dix dossiers, dont un peu moins de vingt pour des acquisitions totales de parcelles, comme dans la rue des Acacias, au-dessus du futur tunnel : plusieurs maisons vont devoir y être acquises pour des raisons de sécurité. « Il n'y aurait pas assez d'épaisseur de terrain entre le haut du tunnel et les maisons », sou-ligne Claude Lecorre, la directrice des transports à la Codah.
Pour conduire à bien ces dossiers, parfois délicats, la Codah a diligenté sur le terrain une équipe spécialisée. « Les gens ne remettent pas en cause le projet de tramway. Il faut prendre du temps et expliquer les choses », souligne Nelly Isabel, en charge des acquisitions. Quant aux tarifs, ils sont fixés par le service des Domaines. « C'est plutôt une bonne opération pour les gens concernés, estime Michel Maillard, le directeur des services de la Codah. Les Domaines ont comme référence les prix d'il y a six mois. » « Nous voulons être aux prix justes pour la Codah et pour les propriétaires », ajoute-t-il. Au total, pour les soixante-dix acquisitions nécessaires, la Codah a prévu un budget de 10 millions d'euros. Objectif : avoir bouclé les achats d'ici la fin 2009, voire « le tout début 2010 ».

Six semaines d'enquete publique

Où est-on dans le projet lui-même ? Le dossier d'avant-projet a été transmis à la préfecture, fin mai. Les services de l'Etat vont saisir le tribunal administratif afin qu'une équipe de commissaires enquêteurs soit nommée. L'enquête publique devrait avoir lieu à la rentrée de septembre pour une durée de six semaines. Le public pourra prendre connaissance du projet, dans le détail, et faire part de ses remarques à l'hôtel de ville, dans les salles municipales de Caucriauville et au Mont-Gaillard, ainsi qu'à la mairie d'Octeville-sur-Mer ; la commune est directement concernée par le tramway, puisque le centre de maintenance sera situé sur son territoire.

Quelle forme pour le tramway ?

Une forme de flûte à champagne comme à Reims, un faux air de nez d'avion comme à Toulouse, un bulbe d'étrave de porte-conteneurs au Havre : à quoi ressemblera le tramway ? La Codah lance ce soir un appel d'offres pour acheter le matériel. Fin 2009, la commission ad hoc dévoilera le choix de l'entreprise et la forme du tramway. Un choix important : pas question de se tromper, le tramway doit contribuer à l'image de marque de la ville. Les grands noms du transport seront sans doute sur les rails pour répondre à l'appel d'offres : Bombardier, Alstom Transports, mais aussi des groupes espagnols ou suisses. Chaque industriel devra proposer trois formes et aménagements différents. La Codah achètera vingt rames, voire vingt-deux, d'une longueur de 30 mètres au minimum pour une capacité de plus de 200 passagers chacune. Les futures rames, à environ 2,6 millions d'euros pièce, seront équipées d'un plancher bas pour l'accès des personnes à mobilité réduite. Le tramway, sur rail, sera alimenté par une LAC, autrement dit une ligne aérienne de contact. Un système différent de celui de Bordeaux où le nouveau tramway, sur certains tronçons de son parcours, comme au Pont de Pierre, est alimenté par le sol. Avantage de ce système très sophistiqué : l'esthétique. Inconvénient : le surcoût, environ 6 millions d'euros du kilomètre !

Indemnites pour les commerçants

Lors de la phase de travaux, à compter de la fin 2010, plusieurs chantiers auront lieu en même temps, de la plage à la ville nord, tout au long du parcours. Pour les commerçants, une commission d'indemnisation à l'amiable va être mise en place. En se fondant sur « un préjudice réel et durable », elle aura pour vocation de compenser les pertes de chiffres d'affaires liées à la construction du tramway.
STephane siret

Une seule concession
Le futur tramway du Havre sera exploité par une entreprise privée sous la forme d'une délégation de service public. A l'image de ce qui est déjà pratiqué pour les bus, dont la concession va jusqu'à la fin 2011. A cette date, la Codah lancera donc un nouvel appel d'offres pour retenir le futur exploitant des bus et du tramway.

Vingt-trois minutes
C'est le temps qu'il faudra pour aller de la plage au Pré-Fleuri (Caucriauville) ou au Grand-Hameau, près de Bléville, par le tramway. En ville basse, la fréquence de passage des rames sera de quatre minutes et de huit minutes en ville haute. Vingt-deux stations sont prévues.

Le coût et les aides
Le coût du projet est aujourd'hui de 333 millions d'euros, hors billétique dite intermodale entre le tramway, les bus et le Lézard (7 M€). A ce jour, la Codah est assurée de recevoir l'appui financier de plusieurs partenaires : Etat (48,1 M€), Région (10 M€ et un million pour la billétique), Département (19,47 M€ et 2,7 pour la billétique), Europe (10 M€).

Le tramway en filigrane

CENTRE-VILLE.A l'occasion du chantier du tramway, l'espace public va être réaménagé autour de l'hôtel de ville.
Mardi soir à la mairie, une réunion publique de concertation s'est tenue sur les projets d'aménagement de l'espace public autour de l'hôtel de ville. Ils sont programmés à l'occasion du chantier du tramway. « Des travaux complémentaires qui visent à embellir », indiquait l'adjoint Yves Martret. D'autres sont prévus également pour la plage et le Rond-Point.
Aussi, après une réunion publique hier 1er juillet à la SAM Massillon, une ultime rencontre aura lieu pour le quartier de la plage le 7 juillet à 19 h à la mairie. Parmi les objectifs retenus pour le centre-ville : ouvrir la perspective sur la place de l'Hôtel-de-ville en supprimant certaines constructions, mieux circonscrire la circulation automobile et sécuriser les traversées des piétons.

Arbres et pistes cyclables

Avenue du Général-Leclerc, la circulation sera à deux voies et les stationnements seront répartis différemment. A l'est de la mairie, création d'un pôle multimodal avec accès au parc de stationnement souterrain. Tout autour de la place de l'Hôtel-de-ville, apparition de pistes cyclables. Les trottoirs et le revêtement de la place seront rénovés. Des lignes d'arbres sont prévues également. Des arbres aussi sur le côté ouest du parvis Saint-Michel, lequel doit être partiellement libéré du stationnement.
Yves Martret et Gilles Pierre, directeur général adjoint, avaient bien spécifié que le tramway ne devait pas être évoqué, mais celui-ci était mentionné régulièrementdans les questions posées, car les nouveaux aménagements sont peu dissociables de l'apparition de ce nouveau mode de transport.

Une plage verte au détriment du stationnement



La plage… Dès le premier rayon de soleil, les Havrais s'y précipitent. A présent, il faudra le faire à pied ou via le tramway. Car les voitures n'y seront plus vraiment les bienvenues.
Tout d'abord, l'avenue Foch. Elle a beau être plus large que les Champs-Elysées, elle ne possédera bientôt plus qu'une seule voie de circulation dans chaque sens.
La portion d'avenue qui va de la Porte océane au boulevard Albert-Ier sera interdite à la circulation automobile. De là, la vue devrait être dégagée et aménagée vers la mer.

Arbres contre parking
Une esplanade plantée d'arbres fera le lien entre ville et mer. Elle se situera entre l'aire de jeux pour enfants et le skatepark qui ne bougent pas. En revanche, l'espace sport-plage ensablé sera décalé afin de libérer la perspective. Cette esplanade, ainsi que le parking de la plage seront végétalisés. « Nous ne garantissons pas la hauteur des arbres », prévient Antoine Danel de la Ville du Havre. Celle-ci, en effet, est en charge des aménagements de la plage autour du tramway géré par la Codah (agglomération).
Une concertation est engagée avec les riverains pour s'accorder sur la nature et la hauteur des essences choisies.

Les dates de travaux
Mais cette mise au vert de la plage aura pour conséquence la suppression de la moitié des places de stationnement sur le parking. L'installation du terminus du tramway, rue Champlain, sacrifiera aussi l'ensemble des espaces de stationnement actuellement autorisés le long de cette voie.
Le chantier de ces aménagements de la plage, réalisés par la Ville, se déroulera en deux phases afin de ne pas perturber la saison touristique.
La première séquence s'étendra du mois d'octobre 2010 jusqu'en avril 2011. Un an plus tard, les travaux reprendront pour couvrir la même période, à savoir du mois d'octobre 2011 jusqu'en avril 2012.
Côté opération du tramway proprement dit, la section plage - hôtel de ville - parvis Saint-Michel et boulevard de Strasbourg sera la première. Les travaux auront lieu à partir du mois de février 2011 et jusqu'en août 2012.
Déjà, les engins de chantier ont investi l'avenue Foch. Il s'agit pour Gaz réseau de France, de modifier l'emplacement de leurs canalisations.
MARIE-ANGE MARAINE

Le cœur de ville va lui aussi subir les nouvelles lois du tramway. De la place de l'hôtel-de-ville au boulevard de Strasbourg en passant par le parvis Saint-Michel… les automobilistes sont encore visés.
Evidemment, l'intérêt d'un tramway est avant tout de limiter les déplacements en voiture au profit du transport en commun. Sur ces secteurs, le stationnement sera lui aussi revu largement à la baisse.
Sur le boulevard de Strasbourg, par exemple. La moitié des places de parking seront supprimées. On passera ainsi de 400 cases à 200. En effet, la voie centrale sera réservée au passage du tram. Les contre-allées accueillant actuellement les véhicules redeviendront de simples trottoirs. La circulation automobile ne se fera plus que sur une voie dans chaque sens.
Mais comment stationner dans ce secteur déjà pris d'assaut ? « Tout simplement en utilisant les parkings de la gare et de l'hôtel de ville qui ne sont jamais pleins. Ensuite, on peut circuler avec le tram. Le ticket de transport en commun validé permettra de ne pas payer les parkings souterrains », indiquent les élus de la Ville.

Un an de travaux
Pas de double paiement donc, alors pour quoi s'en priver ? Car si l'hôtel de ville ne perd que quelques places de parking, le parvis Saint-Michel, lui, se voit dégagé de ses véhicules. Ces derniers seront relégués à la droite de l'édifice afin de laisser le parvis dégagé.
Du côté des jardins de la mairie, les arches de bois disparaîtront. Il s'agit pour la Ville de créer une cohésion et une continuité entre le centre Coty et les halles avec une circulation piétonne favorisée.
Le chantier des aménagements débutera en septembre prochain et devrait durer un an. S'ils ne devraient pas paralyser l'activité, une promesse de la Ville, les travaux seront inévitablement gênants. Des ambassadeurs en cours de recrutement pourront, sur le terrain, renseigner les Havrais sur l'avancée des travaux… Et les rassurer si besoin.
MARIE-ANGE MARAINE